La réserve de substitution : kesako ?

Le temps de la réaction semble passé, de nouveaux débats animant l’actualité. Le temps de la réaction semble passé et pourtant l’amertume demeure, indélébile, alimentant ce sentiment d’injustice. Pourquoi venir accuser des agriculteurs, produisant une alimentation potentiellement à destination de tous, de s’accaparer un « bien commun » que serait l’eau ? Pourquoi s’en prendre encore à une réserve de substitution ? Après le glyphosate, la réserve d’eau, quel sera le prochain totem d’une bataille qui ne dit pas son nom ? Si vous me lisez parfois, alors vous savez que je vais tenter d’apporter un point de vue un poil plus complexe que l’éternelle dichotomie « bien/mal », sans parti pris politique ou syndical. Vous voulez en apprendre plus sur ce qu’est une réserve de substitution ? Vous vous demandez comment une réserve collective peut être gérée ? Vous ne savez pas pourquoi la réserve de substitution s’est imposée dans l’ouest et notamment autour du Marais Poitevin ? La suite peut vous intéresser ! Je dédie ce texte à tous ceux qui n’ont pas de connaissance sur le sujet. Je ne réalise là qu’une ouverture de porte qu’il faudra agrandir ensuite par d’autres lectures plus pointues.

Etre en conversion vers l’agriculture biologique et sur une réserve !

Commençons par le début : une réserve de substitution [nous n’utiliserons pas le terme de « bassine » qui relève du langage de la ménagère et passe à côté du sens profond de son usage agricole] est une retenue d’eau artificielle, c’est-à-dire créée par l’homme, en vue de remplacer le pompage direct permanent dans la nappe phréatique par un pompage contrôlé, en période automnale et hivernale. Aussi, il existe en France des réserves d’eau qui servent à l’eau potable, d’autres à destination des loisirs comme les piscines particulières ou collectives, des retenues pour produire de l’électricité ou même de la neige, et d’autres pour un usage agricole. L’ensemble de ces retenues d’eau ont impliqué une intervention de l’homme sur l’environnement et la biodiversité, à des échelles différentes.

Notre ferme est connectée à une réserve de substitution : cela signifie que nous irriguons nos cultures avec l’eau qui y est conservée, et non par pompage direct dans la nappe, comme ce fut le cas avant la construction de la retenue. Aussi, nous cultivons 51 ha en plaine en conversion vers l’AB, et 50 ha dans le marais (restés en agriculture conventionnelle pour des raisons techniques). Lorsque notre élevage de poules pondeuses a pu se convertir vers l’agriculture biologique, il nous est apparu logique de convertir les terres de plaine vers l’AB : lien au sol, envie de limiter les intrants, possibilité de valoriser la fiente des poules, envie de travailler autrement et mieux raisonner le sol [ça ferait l’objet d’un autre article mais non en AB, on n’est pas toujours avec la charrue !], et valorisation de l’usage de l’eau provenant de la réserve. En effet, les produits issus de l’AB (avant la guerre en Ukraine) présentaient une valeur ajoutée intéressante pour permettre d’absorber la hausse du coût de production sur la ferme liée au passage sur la réserve : le coût de l’eau s’est multiplié par trois pour le même volume.

Qu’irriguons-nous et pourquoi ? En plaine, nous avons 51 ha, dont 47 irrigués en grandes cultures et 2ha d’agroforesterie. Le constat est simple : les parcelles que nous arrosons produisent deux fois plus que les parcelles non irriguées en conditions normales (c’est-à-dire avec de la pluie au bon moment et sans canicule extrême)… Sans eau, que ce soit sur les cultures d’hiver (blé dur, blé tendre, orge, colza, etc) ou les cultures de printemps (maïs, tournesol, pois chiche, légumes, etc…), les plantes ne développent pas leur potentiel en rendements. Et je rappelle tout de même que nous avons choisi d’être agriculteurs pour nourrir la population, pas pour regarder les plantes se dessécher. Aussi, lorsque les précipitations naturelles ne couvrent pas les besoins des végétaux, l’irrigation existe. Par ailleurs, dans le contexte mondial actuel, nourrir la population reste un défi permanent. Ainsi, arroser ses plantes, comme le jardinier arrose son potager, c’est donner les moyens aux végétaux de produire une graine, un fruit, un légume. Dans le marais, il existe une réserve utile d’eau dans le sol qui rend toute irrigation non obligatoire. Même en période de sécheresse comme cette année, les rendements en marais sont meilleurs qu’en plaine irriguée (d’autant plus que nous avons eu des restrictions sur les volumes d’eau, nous en parlerons plus loin). Ces dix dernières années, sur la plaine irriguée, voici les cultures qui ont tourné :

  • sur la partie production de semences (la graine sera semée par la suite) : tournesol, colza, blé dur, fleurs ;
  • sur la partie légumes : petits pois de conserve, haricots verts de conserve ;
  • sur la partie céréales, oléagineux, etc : orge, blé dur, blé tendre, blé améliorant (pour les gâteaux/brioches), maïs, lin de printemps, tournesol.

Et évidemment, en inter-cultures, un paquet de couverts ! Ils servent principalement à nourrir le sol, et les abeilles. On va ainsi retrouver du multi-espèces avec de la féverole, des trèfles, des graminées et autres légumineuses ayant notamment des systèmes racinaires différents pour restructurer le sol via un large spectre. Aussi, entendre l’expression « monoculture de maïs » pour aborder l’usage de l’eau dans notre secteur géographique peut nous faire bondir. De quoi parlons-nous lorsqu’il est question du maïs ? Le maïs est une plante merveilleuse, plus consommatrice d’eau que d’autres végétaux mais aux vertus inégalées. Outre le maïs doux, produit dans le sud-ouest principalement pour la consommation humaine, il existe aussi du maïs semoulier beaucoup moins connu du grand public. Ai-je besoin de vous expliquer à quoi il sert ? (la réponse est dans son nom). Nous en produisons dans le marais. On retrouve d’autres variétés de maïs. Le maïs Waxy, que nous avons cultivé chez nous avant notre conversion AB, servait par exemple aux sauces, aux potages, et autres préparations car son amidon est unique et constitue un liant en alimentation humaine extrêmement intéressant. Il est même arrivé que le maïs soit utilisé pour les cosmétiques, oui mesdames ! Ainsi, loin de ce cliché du maïs purement destiné au bétail, vous comprenez, je l’espère, que produire du maïs ne signifie en rien « prendre des parcelles au détriment de l’alimentation humaine ». Par ailleurs, bien que le maïs soit consommateur d’eau, il est aussi très utile dans la fabrication de la pluie. Ah bon ? Oui, via l’ETP, évapotranspiration qui allie l’évaporation de l’eau au sol et la transpiration de la plante. D’ailleurs,  rappelons nous nos cours de biologie végétale : la plante transpire de manière concomitante à l’absorption d’eau qu’elle réalise, c’est ce qui crée le mouvement de la sève. L’eau captée par la plante repart donc en grande partie sous forme gazeuse dans l’atmosphère. Supprimez les champs de maïs et vous supprimerez aussi des pluies ! Supprimez une forêt, et vous supprimerez de la pluie !

Les réserves collectives et la protection du Marais Poitevin

Vous l’avez donc compris : le recours à l’irrigation ne relève pas nécessairement d’une monoculture de maïs. Et le fait d’arroser ses plantes ne dit rien sur le modèle de production, ni sur la taille de la ferme. Aussi, vous pouvez désormais poursuivre votre lecture en mettant de côté ces considérations qui peuvent parfois brouiller l’esprit.

Vous avez sans doute entendu que les réserves de substitution qui font souvent l’actualité se trouvent dans l’ouest de la France, Vendée et Deux-Sèvres principalement. Leur recours semble donc très localisé et ne peut pas prétendre à une généralisation. Pourquoi ? Pour le savoir, il faut faire appel à un élément primordial de notre territoire : le Marais Poitevin. Dans les années 90, les volumes de prélèvement d’eau pour l’usage agricole étaient bien plus importants qu’aujourd’hui : chaque exploitant irrigant pompait directement dans les nappes phréatiques superficielles (c’est assez caractéristique ici, il ne s’agit pas de nappes profondes) par l’intermédiaire de forages. Et puis, sous des pressions diverses, des restrictions de volume sont apparues. En Vendée, la réflexion collective est née : une centaine d’irrigants s’est réunie en association afin de créer des réserves de substitution, lever des fonds, etc. Aidés par des financements publics et privés, plusieurs retenues ont été construites. Aujourd’hui, la société CACG (Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne) gère le fonctionnement des réserves et de l’acheminement de l’eau vers les exploitations ; et le Syndicat Mixte Vendée-Sèvres-Autizes est propriétaire des réserves. Vous le comprenez : les irrigants n’ont donc pas la main sur les réserves. Les projets ont été encadrés par des entreprises ou collectifs dont l’expertise est reconnue. Le Syndicat mixte par exemple, qui existe depuis 1981, s’appuie sur des compétences pointues de gestion de l’eau dans le Marais Poitevin : leurs missions concernent l’entretien notamment des canaux et ouvrages hydrauliques dans le marais, l’entretien des cours d’eau du bassin versant (Mère, Autize, etc), la protection de la ressource en eau et des milieux aquatiques, la gestion des crues, la lutte contre les espèces invasives. Les réserves de substitution semblent donc entre de bonnes mains, non ?

Pour ce qui concerne la retenue sur laquelle nous sommes connectés, trouver du foncier a été délicat puisqu’il a fallu prendre sur des parcelles cultivées. Par ailleurs, lors des fouilles archéologiques, des vestiges ayant été trouvés, l’emplacement initial fut revu. 15 ha ont été mobilisés pour la création de cette structure en terre et calcaire, recouverte de feutrine et de bâche épaisse. 15 ha, 12 irrigants pour environ 800 ha potentiellement arrosés et des cultures spécifiques en plus de celles que j’ai citées pour notre ferme (pomme de terre, soja et autres). En plaine, la haie étant naturellement peu présente, aucun arbre n’a été supprimé lors de la création de la retenue. Selon les secteurs géographiques et les infrastructures écologiques éventuellement supprimées pour la création de retenues, il a été exigé après étude d’impact environnemental des contreparties telles que la plantation de haies. Il fut un temps question, pour notre réserve, de planter des arbres pour « cacher » la réserve, mais c’est tombé à l’eau. Et puis soyons honnêtes : dans un paysage recouvert d’éoliennes, allant jusqu’à 180m de hauteur, une réserve recouverte d’herbe n’apparait presque pas dans le paysage ! Parmi la douzaine d’irrigants connectés à cette retenue d’eau, un responsable est désigné pour veiller sur l’ouvrage et faire le lien avec les parties prenantes.

Comment fonctionne une réserve de substitution ? Qui dit réserve dit nappe phréatique (superficielle, je le rappelle). Un piézomètre, placé à un point précis de la nappe, permet de mesurer le niveau de l’eau présent. Les données de chaque piézomètre sont accessibles H24 sur le site du SIEMP (Système d’Information sur l’Eau du Marais Poitevin, site : https://www.epmp-marais-poitevin.fr/siemp/). Ce site dépend de l’EPMP (Etablissement Public du Marais Poitevin), qui représente l’Etat dans la gestion de l’eau et de la biodiversité pour la conservation et la restauration de la fonctionnalité de la zone humide du Marais Poitevin. Autrement dit, il apparait clairement, si vous en doutiez encore à ce stade, que les réserves d’eau sont soumises à des contrôles permanents et à des prises de décision relevant de l’Etat. Allons plus loin…

Le remplissage de la réserve s’effectue par pompage de l’eau dans la nappe via des forages qui servaient antérieurement à l’irrigation « en direct ». Cette opération ne s’effectue que dans des conditions précises : période allant d’octobre à mars, dans le respect de seuils déterminés en fonction de l’avancement dans la saison hivernale. Autrement dit, il est possible de commencer à remplir la réserve en octobre si un premier seuil de niveau de la nappe est atteint, puis de poursuivre au fur et à mesure selon d’autres niveaux de la nappe. Les agriculteurs n’ont donc pas de pouvoir de décision quant au remplissage de la réserve. En ce moment même, le niveau de la nappe pour débuter le remplissage n’étant pas atteint, l’opération n’a donc pas commencé. Les seuils de niveau de la nappe sont écrits dans les textes du SAGE Vendée (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux, site : https://www.gesteau.fr/sage/vendee) qui constituent un document de planification de la gestion de l’eau, élaboré par les acteurs locaux réunis en Commission Locale de l’Eau.

Par ailleurs, ce n’est pas parce que les agriculteurs sont sur des réserves qu’ils arrosent autant qu’ils en ont envie ! Chaque irrigant détient un volume (qu’il demande chaque année) qui doit permettre de couvrir les besoins en eau en conditions « normales », et en fonction du remplissage de la réserve. De plus, puisque tous les agriculteurs ne peuvent pas être connectés aux réserves, pour des raisons techniques, des irrigants continuent de pomper directement dans la nappe en période estivale. Aussi, lorsque le piézomètre indique que le niveau de la nappe commence à baisser, des restrictions en eau peuvent se mettre en place. Des Comités de gestion d’eau se réunissent très régulièrement en été afin de déterminer des niveaux de restrictions en fonction de la courbe d’alerte. Ce Comité réunit l’EPMP, le Syndicat Mixte, l’association des irrigants et des associations environnementales. Par conséquent, que l’on soit connecté à la réserve ou que l’on pompe directement dans la nappe, les restrictions s’appliquent à tous. Je le réécris pour que ce soit bien clair : un agriculteur irrigant connecté à la réserve subit des restrictions même s’il ne pompe pas directement en période estivale dans la nappe, et même si de l’eau est disponible pour tous dans la réserve. Le système se veut donc collectif et solidaire.

Alors, est-ce qu’on est loin du cliché de départ à coup de « monocultures de maïs par des gros exploitants en agriculture conventionnelle cultivant des terres mortes et arrosant comme bon leur semble, en plein été » ? Je vous laisse en juger. Ce qui ressort en tout cas en cette année extrêmement chaude et sèche c’est que, dans notre secteur, les jardiniers du dimanche ont vu de l’eau dans les canaux et leur forage tout l’été, le milieu est resté humide et c’était bien l’objectif recherché. Il apparaît aussi, lorsque l’on regarde la courbe du piézomètre de la nappe sur laquelle nous sommes connectés, que la réserve et la gestion de l’eau qui l’accompagnent ont permis d’éviter une chute brutale du niveau d’eau de la nappe contrairement à 2003 (courbe rouge sur le schéma ci-dessous, en bleu pour l’année 2022).

Et il serait bon de noter qu’en sud-Vendée, par une démarche qui se veut collective et qui implique un partenariat fort entre les irrigants et les parties prenantes déjà citées, l’eau fait l’objet d’attentions particulières, et des effets sur le milieu naturel sont déjà visibles. L’eau nous est précieuse, nous faisons de notre mieux pour en prendre soin, et pour conserver les volumes qui nous permettent de couvrir les besoins des plantes destinées à l’alimentation de l’homme. Et même si le système peut encore être amélioré, observons déjà les avancées opérées. Oui, l’évaporation de l’eau sur la réserve a été abordée, il avait même été questionné la possibilité de placer des panneaux photovoltaïques dessus afin de limiter l’évaporation et faire baisser le coût de l’électricité dans l’acheminement de l’eau vers les exploitations via l’autoconsommation. Mais cela nécessiterait des infrastructures colossales. Vous comprenez désormais que la réserve ne s’est pas réalisée au hasard et que son utilité environnementale dans le Marais Poitevin est indéniable (ce qui n’est pas généralisable, je le redis). Ne jetons pas tout cela, n’accusons pas des agriculteurs qui opèrent des transitions environnementales de ne penser qu’à eux. Ne laissons pas des opposants venir détruire ce qui a mis autant d’efforts et de concertations à sortir de terre. Et puis, pourquoi venir s’opposer à ces retenues d’eau pour l’usage agricole et pas pour les autres retenues ? Pourquoi décrier l’utilisation de l’eau à des fins alimentaires et pas les 3000L d’eau potable/seconde utilisés pour évacuer pipi et caca en France ? Pourquoi tenir ce discours que l’eau prélevée ne sert que l’agriculteur alors qu’elle sert en fait ce qui se trouvera dans votre assiette demain ? Cette bataille ne dit pas son nom…

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11 commentaires sur “La réserve de substitution : kesako ?

  1. Bonsoir
    Merci pour vos explications exhaustive
    Il me semble que les défenseur de ce types de réserves avance des arguments au je ne trouve pas de réponse
    Quid de la perte en eaux du a l évaporation ?
    Comment répondre a la captation de l eau au profit de quelques un par rapport au besoin général
    Mes questions entendez le ne sont en aucun cas une forme de provocation
    Je pense que agriculteur moi même il faut réconcilier Paysan et le reste de nos citoyens
    Merci

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    1. Bonsoir Damien, il apparaîtrait que 10-15% de l’eau s’évaporerait notamment en fortes chaleurs. Certains avancent que cette perte en eau serait compensée par les eaux de pluie : pas si sûr puisque les pluies sont moins bien réparties qu’elles l’ont été. Néanmoins cette eau qui s’évapore ne disparaît pas, nous le savons bien. Par ailleurs, pour ce qui concerne le fait de capter l’eau au profit de certains : je réponds que l’argument est mauvais. Pour moi, c’est comme dire « l’agriculture est la 2e ou 3e plus grosse émettrice de CO2 » en oubliant de le corréler au fait qu’elle est aussi celle qui capte le C02 contrairement à l’industrie et au transport. L’eau utilisée pour l’irrigation participe aux précipitations, participe à produire l’alimentation qu’elle soit mondialisée ou locale. Et dans notre secteur, ce système collectif n’oublie personne. L’objectif c’est de nourrir, c’est pas d’avoir la plus belle rampe d’irrigation. Et je suis d’accord avec vous, opposer des « catégories » de producteurs en fonction de critères infondés, c’est ridicule. Je souhaite que chacun à son échelle puisse poursuivre à produire dans notre pays, tout en préservant le milieu naturel. Le défi est grand et c’est en étant unis que nous y arriverons. Le chemin est encore long.

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  2. Bonjour,
    Merci pour vos explications qui ont le mérite d’alimenter positivement nos réflexions.
    Vous dites à 2 reprises que c’est une bataille qui ne site pas son nom. D’où ma question : quelle est cette bataille et son nom ? Comment la prévenir ?
    Un grand merci à vous !

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    1. Simplement en soutenant les agriculteurs sur notre territoire national, peu importe leur étiquette politique ou leur mode de production. Faire que chaque agri soit reconnu pour sa contribution au bien commun. C’est déjà énorme 😉

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  3. Bonjour Lucie, ne pensez-vous pas que ces solutions sont trop court termistes et utilisent des fonds qui seraient mieux utilisés pour transformer les usages et préparer la frugalité ? L’article de ces deux chercheuses est un bel éclairage : https://bonpote.com/les-mega-bassines-sont-elles-des-solutions-viables-face-aux-secheresses/ . Les bassines y sont présentées comme un fix de drogue bientôt indisponible avec les sécheresses de plus en plus marquées et fréquentes, et que seul un changement profonds de nos usages (toilettes sèches et piscines incluses) allié à plus de sobriété permettront à tous, agris inclus, de survivre . Intéressée d’entendre votre propos et bravo pour vos pratiques agricoles.

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    1. Bonjour à vous Elisabeth. En fait, il faut bien avoir en tête la particularité de notre secteur géographique.
      Je vous mets ici un extrait de la contribution d’une personne sur Twitter (@Terreterre13) :
      « Si je récapitule, les aquifères de la zone sont :
      -Majoritairement à nappe libre (pas de terrain argileux étanche entre la nappe et la surface).
      -De faible capacité (faible volume d’eau stocké, à cause de la faible épaisseur sédimentaire et de la faible porosité des roches).
      -De forte diffusivité (l’eau circule rapidement dans les fissures et dans le karst), ce qui implique des échanges importants entre la nappe et les cours d’eau.
      Le temps de séjour de l’eau dans l’aquifère, qui peut s’estimer en divisant le volume d’eau stocké par la vitesse des échanges avec les cours d’eau, est donc très faible dans la région. »
      Autrement dit, l’eau en hiver, si elle n’est pas pompée et prélevée part de toute façon en dehors du milieu (pour aller vers la mer).
      Et cette spécificité du milieu fait donc de la réserve un élément intéressant de la gestion de l’eau dans le secteur. Ça n’est pas nécessairement vrai ailleurs.
      Merci à vous.

      C’est ce qu’on appelle des « nappes à faible inertie ».

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  4. Bonjour,
    Cette contribution est de loin la plus intéressante parmi tout ce que j’ai pu lire sur le sujet ces derniers mois et particulièrement ces dernières semaines. Elle est aussi, très largement, la plus juste, pertinente, précise, complète et honnête. Et, de surcroit, c’est très bien écrit.
    Je veux vous remercier et vous féliciter pour cette production remarquable et pour le temps que vous avez pris à apporter cet éclairage qui, espérons-le, aidera un peu à faire avancer les réflexions et à dépassionner le débat.
    Pour faire très synthétique (alors que le sujet mérite évidemment un très gros développement tant il est complexe) : nous avons besoin de nos agriculteurs pour produire notre alimentation, et naturellement nos agriculteurs ont besoin d’eau pour y parvenir. La raréfaction de la ressource en période d’étiage les obligent, comme chacun des autres usagers, à évoluer vers des modèles culturaux mais aussi des modèles d’irrigation plus vertueux. Les réserves de substitution sont, en ce sens, une réponse adaptée pour certains territoires, lesquelles, grâce au recul dont nous disposons notamment en Vendée, ont fait la preuve de leur impact positif comme le confirme le rapport des experts du BRGM.
    Merci.

    Aimé par 1 personne

  5. Bonjour.
    Le maïs est une plante de classée C4, comme la canne à sucre ou le sorgho.
    Ces plantes stockent plus de carbone que toutes les autres plantes.
    D’après Agrarheute, revue agricole allemande, un hectare de maïs fournit l’oxygène consommé en un an par 60 personnes.
    Marianne a révélé que la France négocie un accord avec les pays du Moyen Orient pour fournir de l’eau potable qui sera embarquée à Fos sur Mer dans des bateaux-citernes de 200 000 m3, à raison de plusieurs bateaux par jour. Combien cela représente de piscines olympiques?
    Si cette information est exacte, le remue-ménage autour des réserves d’eau arrange bien du monde, on monte en épingle un sujet pour en cacher un autre.

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  6. Merci Lucie ! Très intéressant et fort bien expliqué ! Effectivement le pompage dans une zone où l’eau des nappes repart vite à la rivière, parait plutôt intelligent. Mais quelques points me questionnent.

    1-Est ce que toutes les autres réserves sont gérées de la même manière ?

    2- Sur les photos des réserves, on ne voit aucun arbre autour donc aucune agroforesterie et on a l’impression de monocultures assez intensives avec labour (je peux me tromper ). Est ce que ces l’utilisation de ses réserves est complétée par des pratiques de non labour et de couverts végétaux qui, on le sait, sont beaucoup moins consommatrices d’eau ?

    Dans ton cas tu parles d’intercultures ce qui est déjà un pas en avant, mais on n’en sait pas beaucoup plus… Je connais des agriculteurs qui réussissent très bien des cultures de maïs sur couverts végétaux et sols non labourés avec très peu ou pas d’irrigation, ça vaudrait peut-être le coup de s’y pencher.

    Cet été, j’en ai fait l’expérience sur mes parcelles de jeunes fruitiers récemment planté, malgré les 3 canicules je n’ai pas été obligé d’arroser là où j’ai laissé le maximum de couverts végétaux. J’avoue, par précaution, j’ai fini tout de même par craquer et mettre 100 litres par arbres.
    Bonne journée,
    Pierre

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